Conférence du 26 juillet 2025 - Article de Ouest France du 30 juillet

« Une rupture historique » : Dix ans que le Mont est redevenu une île, avec un bilan très nuancé

Relevés satellitaires à l’appui, l’Association des amis du site de Genêts, de ses Environs et de la baie du Mont Saint-Michel constate en 2025 que les études préalables au rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel (Manche) se sont révélées fausses.

Ce samedi 26 juillet 2025, l’Association des amis du site de Genêts, de ses Environs et de la baie du Mont Saint-Michel (AGEB) organisait une réunion publique avec comme thème « Le Rétablissement du Caractère Maritime du Mont Saint-Michel (RCM), 10 ans après la fin des travaux, quel bilan ? » Florence Beauchais, présidente de l’AGEB, rappelait en introduction que l’association « s’est toujours préoccupée de l’avenir du Mont et de sa baie (Manche), de sa biodiversité, et nous avions alerté il y a dix ans des risques de déséquilibre sur la sédimentation de la petite baie ».

La petite baie forme un triangle de 45 km², allant de Cherrueix (Ille-et-Vilaine) à Champeaux et revient sur Genêts, englobant le Mont et Tombelaine. Avec la présentation d’une étude technique, basée notamment sur des relevés satellitaires ou LIDAR de 2009 à 2024, « nous constatons que l’étude d’impact du RCM s’est révélée complètement fausse », assure Florence Beauchais. Pour preuve, après quatre mois d’une nouvelle exploitation des lâchers d’eau du barrage, mis en cause par l’AGEB, « nous relevons une atténuation du bouleversement hydraulique entre le Grouin du sud et Tombelaine ».

Un bouleversement sédimentaire de 26 millions de m³

Après un rappel des causes naturelles et humaines de sédimentation, notamment les polders, digues et barrages, Patrick Dacheux, du Comité scientifique de l’AGEB, a évoqué les trois rivières qui se jettent dans la petite baie, la Sée, la Sélune et le Couesnon. L’étude d’impact prévoyait la transformation de ces rois rivières en deux estuaires, un au nord de Tombelaine avec la Sée-Sélune et un au sud du Mont avec le Couesnon. Relevés LIDAR au m² à l’appui, « on constate dès 2015 l’ensablement de la partie nord de Tombelaine et la migration rapide de la Sée-Sélune vers le sud », commente Patrick Dacheux.

Depuis, les deux rivières continuent de progresser vers le sud et le questionnement du fonctionnement du barrage du Couesnon est posé. Un transfert interne des sédiments du sud vers le nord révèle une accrétion de 26 millions de m³, avec une forte érosion de 1,81 m au sud, (12 cm par an) et une forte élévation de 1,67 m au nord (11 cm par an). Avec les herbus qui se développent et devraient atteindre Tombelaine, l’AGEB constate « une rupture historique » et s’interroge « sur son origine, son devenir et les moyens d’agir ».