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La Baie du Mont-Saint-Michel en danger
La fulgurante montée des sables
Constat de l’évolution de la baie depuis 2009, date de la mise en service du barrage :
D’après les calculs réalisés à partir du relevé Lidar 2016 et celui de 2020, le volume des apports sédimentaires est multiplié par trois par rapport aux estimations faites avant 2009, avant la mise en service du barrage sur le Couesnon, et est réparti inégalement sur la baie.
Ils font partie de la classe « monuments et ensembles », aussi nous ne devons pas protéger l’un au détriment de l’équilibre de l’autre. Ce qui est classé c’est “ L’alliance inédite du site naturel et de l’architecture”.
En 2009, on observe que la zone basse (en bleu foncé) située à proximité de Tombelaine attire les trois principaux fleuves côtiers, Sée, Sélune et Couesnon selon un système hydrographique bien établi depuis des dizaines d’années Les rivières Sée et Sélune coulent dans la zone est de la petite baie avant d’obliquer vers l’ouest. A marée basse, elles remportent une partie des sédiments apportés par le flot, c’est l’effet de chasse. La sédimentation de la baie est maintenue dans la progression régulières des décennies précédentes, 2 à 3 cm par an, selon les auteurs.
Le Couesnon à partir du Mont se dirige vers Tombelaine, lui aussi attiré par le point bas de la baie.
En 2021 : Les rivières Sée et Sélune qui divaguaient depuis des décades dans les 3/4 Nord de la baie, se rapprochent de plus en plus du Mont-Saint-Michel. L’effet de chasse qui permettait aux rivières de remporter au jusant une partie des sédiments apportés par le flot dans la zone est, nord-est ne se produit plus et l’ensablement s’accélère très vite sur la zone désertée par les rivières. Progressivement depuis 2009, l’altitude des sables en bordure littorale s’est considérablement élevée, passant de de 3 m à 5,5 m, voire 6 m, seuil à partir duquel pousse les herbus. La zone proche de Tombelaine, en direction du continent est passée de l'altitude de 1m à 5 m. Bientôt, ce rocher mythique sera gagné par les herbus.
Risques
Depuis la mise en service du nouveau barrage sur le Couesnon, une très importante zone de la baie n’est plus recouverte par la mer et se transforme peu à peu en zone herbeuse. Une masse verte remplacera ce paysage mi marin, mi terrestre où alterne terre et mer.
Pour l’instant lorsque nous regardons Tombelaine du Mont, nous voyons émerger une dune, recouverte de moins en moins souvent par les marées … bientôt elle se transformera en herbus et le paysage se rétrécira.
L’eau tournera bien autour du Mont mais cette sensation d’infini qui saisit tout visiteur aura disparue et avec elle tous les éclats de lumière qui s’attardaient tour à tour sur les sables, puis sur la mer.
Causes de cette évolution :
Depuis plus d’une dizaine d ‘années, deux fois par jour, d’importants volumes d’eau retenus par le barrage sont relâchés dans le Couesnon, six heures après pleine mer alors que celle-ci s’est retirée au loin. Le Couesnon a acquis une grande capacité érosive qui peu à peu a déplacé le « point bas » de la baie auparavant situé aux alentours de Tombelaine vers le sud, en direction du Mont-Saint-Michel. Les rivières attirées par ce « point bas » se sont déplacées en direction du Mont-Saint-Michel. Le dernier cliché de Copernicus du 17 avril 2022 montre bien que les rivières se dirigent de plus en plus directement vers le Mont. Ce phénomène est à l’origine du bouleversement programmé du paysage de la baie et donc de la modification de la biodiversité.
Les autorités gestionnaires du barrage, focalisées sur le Mont, constatent l’efficacité du projet RCM « au regard de son objectif attendu pour améliorer le caractère maritime du Mont-Saint-Michel ». Elles n’ont pas voulu répondre aux alertes lancées par les associations qui, dès 2015, demandaient que soit examiné l’impact du fonctionnement du barrage sur l’environnement. Pourtant, il est avéré, depuis les grands travaux entrepris dans la baie au XIXe et poursuivis au XXe, que tout aménagement dans la baie a un impact. Les lâchers d’eau renouvelés deux fois par jour ont profondément modifiés l’hydrodynamique de la Baie.
Pourtant les auteurs du projet avaient recommandé au cas où les évolutions de l’environnement ne seraient pas conformes aux prévisions de modifier le fonctionnement du barrage.
Il était tout à fait possible d’ajuster, après analyse, les modalités du fonctionnement du barrage pour tout à la fois rétablir le caractère maritime du Mont-Saint-Michel et maintenir le caractère maritime de la baie.
L’ensablement de la baie et la divagation des rivières sont certes naturels mais pas une telle accélération en une courte durée.
L’attraction que le Mont-Saint-Michel exerce dans le monde entier résulte d’une étrange alchimie entre le monument et son site tantôt vaste étendue de sables s’étendant à l’infini, tantôt immensité d’une mer plus ou moins rageuse. Cette union entre le génie de l’homme et les grandes forces naturelles fait du Mont un patrimoine à nul autre comparable.
Si aucune mesure n’est prise pour contrer cette évolution, provoquée par les nouveaux aménagements, l’horizon immense se transformera en une masse herbeuse ; parallèlement les rivières rassemblées créeront une sorte de « vallée » bordant le Mont.
Nous aurons été les responsables de ce bouleversement.
L’eau tourne à nouveau autour du Mont, mais agissons pour que Tombelaine ne devienne un rocher enfoui dans les herbes.
Le Mont-Saint-Michel est inséparable de sa baie
Unissons nos efforts pour que cette beauté, par l’alternance de mer, puis de grèves soient pérennisées.
Florence BEAUCHAIS et sa commission pour la sauvegarde du patrimoine