"COMPARAISON 2009-2023" : L'hydraulique de la Baie est bouleversée.
Vous voyez la montée des sables qui avance à certains endroits 5 à 10 fois plus vite depuis la mise en place du barrage sur le Couesnon et de ses lâchers d'eau. Les rivières Sée et Sélune sont maintenant attirées par le point bas créé dans le Couesnon et elles ne divaguent presque plus.
Débutée en 2005 et achevée en 2015, l'"Opération du rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel" avait pour objectif principal de stopper l'ensablement autour du Mont-Saint-Michel, permettant à la mer de l'entourer plus régulièrement comme autrefois. Cela devait être réalisé en utilisant un barrage sur la rivière Couesnon, adjacent au site, et en utilisant une accumulation d'eau en décalage avec les marées pour chasser les sédiments vers l'extérieur, loin du Mont-Saint-Michel.
Mais les conséquences sont tout autre :
Le nord-est de la petite baie subit une sédimentation très forte. Cette année plus besoin d'aller marcher dans la baie pour le constater puisque le niveau du sol à atteint la hauteur permettant la colonisation par les plantes sur une superficie très importante.
La mer s'y fait de plus en plus rare et l'immersion de la zone entre le Grouin du Sud et la Bec d'Andaine est de plus en plus courte.
Pour exemple la mer N'A PAS recouvert cette zone entre le 21 et le 27 septembre 2023 soit pendant 7 jours.. Pour des coefficients de marée autour de 90 à 100 soit une hauteur d'eau avoisinant les 12,5 mètres, le passage entre Tombelaine et la côte n'est recouvert que pendant une heure à une heure trente par marée.
Les spartines avancent en rangs serrés, deviennent plus claire-semées mais arrivent tout de même jusqu'à Tombelaine. Une fois qu'elles sont installées, les autres plantes des prés-salés ne tardent pas à coloniser.
Les coquillages ont quitté cette zone puisqu'il leur a été impossible de résister à la chaleur et à la privation de nourriture durant ces longues périodes d'émersion.
Un risque d'érosion de la biodiversité est à craindre. Les coquillages, corophiums, oiseaux se raréfient et les crevettes grises, saumons, soles et carrelets sont déjà quasiment devenus absents de la petite baie.
L'arrivée de prédateurs terrestres sur Tombelaine aura également un impact sur la colonie d'oiseaux nicheurs, notamment les goélands dont la population a déjà beaucoup souffert de la grippe aviaire.
L'uniformisation d'un seul et même écosystème par l'uniformisation de la hauteur du sol prendra la place d'une myriade d'autres écosystèmes qui font la complexité et la diversité de ce milieu exceptionnel.
