Le barrage sur le Couesnon entre en phase de test

Gazette de la Manche du 15 janvier 2025

A partir de ce mercredi 15 janvier, le barrage face au va changer de fonctionnement. Pendant quatre mois, les chasses d'eau seront en partie suspendues.

Ce mercredi 15 janvier 2025, le barrage sur le Couesnon, construit pour le rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel, va changer de fonctionnement. Pendant quatre mois, les chasses d’eau seront en partie suspendues.

Les préfets de la Manche et d’Ille-et-Vilaine ont signé l’arrêté de modification du fonctionnement du barrage sur le Couesnon. Depuis la mise en service de l’ouvrage, l’État autorisait des chasses d’eau régulières pour redonner au Mont Saint-Michel son caractère insulaire. Un fonctionnement contre lequel s’était élevée l’Association des Amis de Genêts et de la Baie, l’Ageb, qui dénonçait l‘ensablement plus rapide de la Petite Baie, entre Genêts et la Pointe du Grouin du Sud, à Vains.

Rétablissement du mode estuarien du barrage

Ce mercredi 15 janvier et pour quatre mois, un mode estuarien va être rétabli. Jusqu’à aujourd’hui, ce barrage inversé permet à la mer de rentrer à marée montante dans le bras du fleuve Couesnon. L’eau y est retenue par fermeture des portes et relâchée, à marée basse, pour chasser les sédiments et contribuer au retour de la mer tout autour du rocher. C’est ainsi que plusieurs fois par an, quand les coefficients de marée sont importants, le village du Mont-Saint-Michel redevient une île.

« Le barrage a donné toute satisfaction dans cet objectif de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel, explique Romain Desguée, directeur du barrage. A partir du 15 janvier, il fonctionnera quinze jours en mode estuarien et quinze jours avec des lâchers d’eau. L’eau entrera dans le Couesnon à marée haute, sous contrôle pour éviter d’inonder Beauvoir et Pontorson, et relâcher quand la mer se retirera. On se calera au maximum sur la nature. Le barrage a été conçu pour que son usage soit évolutif ».

Un test de quatre mois

Ce nouveau modèle de fonctionnement est en réflexion depuis plus d’un an déjà. « Jusqu’en 2009, avant la création de cet ouvrage, le Couesnon ne jouait plus son rôle. De 1969 à 2009, l’homme a tout fait pour endiguer le Mont au continent. Les fleuves Sée et Sélune ne pouvaient plus passer au sud ».

Un constat qu’argumentait l’Ageb. « Plus récemment, les mytiliculteurs de la baie se plaignaient d’une sédimentation plus importante des pieux et de courant plus fort dans les chenaux », détaille Romain Desguée, perplexe toutefois quant au rôle joué par les lâchers d’eau, les élevages de moules étant à une dizaine de kilomètres à l’est dans la baie. « Ils effectueront des mesures régulières pour vérifier les éventuelles modifications ».

Du côté de la Petite Baie, ce sont les relevés Lidar qui feront foi. « Ce qui se passe aujourd’hui dans le Nord, c’est ce qui se passait dans le sud avant le rétablissement du caractère maritime. La baie, comme toutes les baies, continue de se sédimenter ».