Manche Libre 5 décembre 2024

Le Mont-Saint-Michel. Une nouvelle stratégie pour ralentir l'ensablement de la baie

Environnement. Face au constat de l'ensablement de la "petite baie", l'Etat a donné son feu vert à un nouveau fonctionnement du barrage qui lutte contre l'avancée des terres.

L'information est tombée mardi 3 décembre lors de la réunion publique consacrée à l'élaboration du plan de gestion Unesco à Pontorson. Au cours des échanges, plusieurs acteurs de la baie ont rappelé l'urgence d'agir contre l'ensablement de la petite baie, espace située entre le Grouin du sud et Genêts. Depuis plusieurs années, ils alertent les pouvoirs publics et pointent du doigt les chasses du barrage du Couesnon. L'ouvrage mis en service en mai 2009 a été conçu pour désensabler l'îlot du Mont-Saint-Michel condamné, par sédimentation naturelle, à s'arrimer au continent.

Des lâchers d'eau aux conséquences importantes

Si les effets du barrage ont été une réussite autour du Mont grâce à de puissants lâchers d'eau qui repoussent les sédiments au loin dans la baie, elles ont eu pour conséquence de bousculer le lit des fleuves Sée et Sélune dans l'estuaire qui préservaient la petite baie de l'ensablement. "Aujourd'hui, la mer a bien du mal à arriver en fond de baie, constate François Lamotte d'Argy, guide de la baie. Et les fleuves se rapprochent dangereusement des digues des polders." Des propos alarmistes mais confortés par un ancien pêcheur à pied : "Si ça continue on va retrouver la forêt de Scissy. On s'en va vers une catastrophe. Les herbus augmentent. Il n'y a plus de coques, plus de crevettes, plus de poissons mais des phoques ! Ces lâchers d'eau créent un amalgame de vase et d'eau qui tuent les saumons et les phoques les mangent. Avec des marées de 80, on peut aller à pied à Tombelaine où des oiseaux nichent. Et les prédateurs ne s'en privent pas !"

Quinze jours par mois sans lâchers d'eau

Catherine Brunaud-Rhyn, présente à la réunion en tant que maire de Genêts, a annoncé qu'un arrêté interpréfectoral, entre le préfet de la Manche et celui de l'Ille-et-Vilaine donnait l'autorisation à l'Etablissement public d'expérimenter du 15 janvier au 15 avril le mode estuarien du barrage. Un représentant de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) a confirmé les propos du maire en précisant que l'arrêté avait été signé par le préfet de la Manche et qu'il ne manquait plus que la signature du préfet breton. Qu'est-ce que le mode estuarien ? "C'est un fonctionnement du barrage en mode naturel, sans lâchers d'eau, précise Mme Brunaud-Rhyn. L'Etablissement public va alterner quinze jours sur ce mode et quinze jours avec des lâchers d'eau. Si le test est concluant, il sera prolongé cet été." Cette nouvelle devrait être bien accueillie par l'Ageb (Amis du site de Genêts et des environs de la baie) qui a joué le rôle de lanceur d'alerte sur l'ensablement de la petite baie. Elle avait également préconisé pour ralentir le désensablement d'assouplir les contraintes administratives liées à l'extraction de la tangue dans la petite baie pour les agriculteurs. Une demande relayée par le maire de Genêts.