Manche Libre du 16 octobre 2024

Publié le 15/10/2024 à 14h25, mis à jour le 15/10/2024 à 14h27

Baie du Mont Saint-Michel. Ensablement  il propose une solution ancestrale

Environnement. Face à la sédimentation galopante, une association préconise de revenir à une pratique qui a eu cours pendant plusieurs siècles.

Afin de ralentir la sédimentation en baie, l'association des Amis de Genêts et de la baie du Mont Saint-Michel préconise de revenir à l'extraction de la tangue.

Organisées par l'association des Amis de Genêts et de la baie du Mont Saint-Michel (Ageb), les premières rencontres de la Baie ont eu lieu mardi 8 octobre afin que chacun prenne conscience de la situation : une sédimentation fulgurante de la baie et l'ampleur des problèmes qui vont advenir. "Toutes les administrations ont été conviées, malheureusement, elles sont absentes aujourd'hui", déplore la présidente Florence Beauchais. Afin de ralentir la sédimentation en baie, due en partie au fonctionnement du barrage selon l'Ageb, l'association demande que soient étudiées les modifications des lâchers d'eau, demande toujours dans l'attente d'autorisations. Elle préconise également de revenir à l'extraction de la tangue.

Une activité tombée dans l'oubli

L'âge d'or d'extraction de tangue se situe entre le XVIIIe et le milieu du XIXe siècle avec dans la baie des volumes extraits considérables estimés à 500 000m³ par an. Cette activité a fortement contribué au développement économique de la région. Philippe Turmel est l'un des rares agriculteurs à utiliser la tangue comme amendement. "Pour moi, c'est rentable. Je réitère ma demande tous les ans auprès de la DDTM qui m'autorise l'extraction de 200m³ de tangue grasse contre les 500m³ demandés. J'allais la chercher à la Vaquerie désormais c'est 800 mètres plus loin."

La tangue classée comme déchet

Longuement utilisée, la tangue, aux termes des nouvelles réglementations, devient un déchet, sa valeur fertilisante négligée voire oubliée. "Dans un contexte de développement durable, l'exploitation de la tangue est de nouveau justifiée", argumente Florence Beauchais. L'extraction de tangue n'est plus dans l'air du temps. Rouvrir ce dossier, c'est se confronter à une législation colossale, des sites d'extraction qui datent de l'époque napoléonienne et une baie soumise à de nombreuses protections environnementales. De plus, si le volume quantitatif des sédiments est connu, connaître leur granulométrie (la taille des grains) est fondamental, or ce n'est pas fait, de même la carte géologique est à refaire.

L'ampleur des problèmes

Ils sont bel et bien réels. Frédéric Hurtaud, mytiliculteur en baie du Mont, observe depuis quelques années la courantologie dangereuse et ces gros mouvements de sable en baie : "Avec cette montée des sables, les pieux hors sol sont moins hauts, réduits à certains endroits de moitié". Le guide Renan Bouvier prévient : "D'ici 4 à 5 ans, si rien n'est fait les prés-salés seront à Tombelaine, la baie ne cessant de se réduire, le tourisme sera impacté". Après ces échanges, il est proposé de demander une simplification administrative pour l'extraction de la tangue.